samedi 24 mai 2008

Mon coeur balance

Depuis ce matin, chaque heure qui s'écoule, chaque jour qui s'achève sont les derniers de la dernière semaine qui me reste à passer ici.
Certaines avec regrets, comme cette soirée magnifique qui s'achève, d'autre sans remord avec le sentiment de devoir accompli. (Pas comme ces Toulousains qui viennent de se faire battre par des Irlandais)
L'Arabie, c'est fini, et dire que j'y aurais passé du bon temps, l'Arabie c'est fini, je ne crois pas que j'y retournerai un jour...
Après cela, mon coeur balance!
Brel chante les Marquises, mes emails me parlent de travail à temps plein. Devrais-je privilégier l'un au dépend de l'autre, l'autre restant pour longtemps encore "l'inaccessible étoile".
Mais, "on m'attend là-bas" et j'ai hâte de m'y rendre. Quelques jours seulement...

lundi 12 mai 2008

"Sustainable Development"

Le terme utilisé par les Anglo-saxons pour qualifier le développement soucieux de l’environnement a un sens beaucoup plus large et explicite que le mot « durable » de la langue française. Il associe à la fois la notion de durée et la celle de « soutenable » ou de « supportable ». Je pense que l’expression française n’a pas été bien choisie, pour preuve la nécessité quasi-systématique d’expliquer aux néophytes les risques et les contraintes qui se cachent derrière la poursuite du développement tel que nous l’avons connu par le passé.

Mais les mots utilisés ne sont malheureusement pas les seuls défauts du discours en vogue. Pour preuve encore, l’émission Thalassa diffusée hier soir sur TV5 Monde.

Premier reportage, le dépeçage du paquebot « Blue Lady », alias « Norway », alias « France ». En résumé du commentaire des journalistes, quel outrage aux populations locales et quelle honte sur les pays civilisés pour avoir envoyé dans la baie d’ALANG nos déchets pollués, jugés hautement nocifs, toxiques, contaminés, etc., Passé sous silence le fait que le paquebot France a été construit à Saint-Nazaire par des ouvriers français, qu’il a navigué en embarqué à son bord des milliers de passagers et d’hommes d’équipage sans que l’on s’inquiète de l’amiante employée à bord. Oublié, sans doute volontairement, le fait que l’Inde continue à l’heure actuelle d’utiliser l’amiante dans ses constructions. Négligée enfin, toute la filière du recyclage qui constitue pour les habitants dans cette zone, le premier pas vers le développement. A les entendre on aurait l’impression que la Baie d’ALANG si situerait aux pieds du Mont-Saint Michel, et qu’une fois sorti de l’enfer de ces ateliers de démantèlement, le monde extérieur serait régit par le plein emploi et la couverture maladie universelle... ils devraient ouvrir leurs yeux avant de faire tourner leur caméra !
Pour le dire brutalement, on se réjouit de constater que grâce à l’action des organisations écologiques, le taux de chômage ait augmenté dans cette région misérable. Bravo !

Deuxième reportage, l’élevage intensif du saumon de l’Atlantique Nord dans les fjords du sud du Chili, la baie de CHILOE en particulier, exploité par de « Riches compagnies Norvégiennes ». Nous voilà pour commencer, embraqués à bord d’un bateau quasi clandestin, pour aller filmer des élevages de saumon, tout à fait normaux, et questionner les malheureux employés chiliens sur la face nécessairement cachée du tableau. Rien à dire. Le reporter nous emmène ensuite dans une usine de transformation, l’usine visitée emploie 600 personnes. Là, toujours avec une caméra cachée, on nous présente des conditions de travail nécessairement inhumaines, et pour des salaires évidemment dérisoires. Ce n’était pas la peine de faire le commentaire, on en connaissait déjà le contenu. Pour en venir à conclure que les sociétés Norvégiennes en question engrangent des profits mirifiques sur le dos des populations locales et au détriment de l’environnement, qualifiant même les professionnels norvégiens de l’aquaculture d’ « apprentis sorciers ». Or, l’émission THALASSA est la première à critiquer la sur-exploitation des ressources naturelles, allant jusqu’à la disparition de certaines espèces. Ne faudrait-il pas justement développer l’aquaculture ? Quand aux profits des entreprises liés aux couts de production dérisoires, ils ont probablement fondus avec le prix de vente du saumon congelé à l’étale de nos supermarchés, à peine plus cher que la viande de porc, et deux fois moins cher que n’importe quel autre poisson. A qui profite le crime ?

Serions-nous devenus en mon absence un pays communiste révolutionnaire, Georges PERNOUD le MARCHAIS des temps modernes et THALASSA, le nouvel organe du Parti?
Ou alors suis-je devenu moi-même en peu de temps un vieux gronchon, qui après avoir perdu toutes ses belles illusions humanistes, râle sur les journalistes devant son poste de télévision un verre de bière à la main...

dimanche 11 mai 2008

Plamète JEDDAH

A l’heure ou la France verte se mobilise autour de ce qu’il a été convenu d’appeler « le Grenelle de l’environnement », il est utile d’apporter un éclairage différent sur la protection de l’environnement et la préservation de la planète. Que le Royaume soit à la fois un pays du tiers monde et le principal réservoir de pétrole dans le monde contribue sans aucun doute à accentuer la différence entre l’Arabie et les déclarations souvent trop nombrilistes franco-françaises.
Sous ces lattitudes ensoleilées, partout ou il y a de l'eau, il y a de la verdure à tel point que régulièrement on observe une petite plante se développer à la verticale du tuyau d’écoulement des condensats des climatiseurs. Mais de la verdure, il y en a partout dans les jardins des villas, les parcs publics, les campound, les ronds-points, et le long des grandes avenues.


Puisqu’il ne pleut pas dans le désert, et si peu à Jeddah, l’eau d’ici ne vient ni du ciel ni des rivières. Elle provient simplement des nombreuses usines de désalinisation dont les immenses cheminées dominent la partie nord de Jeddah et couvrent le centre ville situé sous les vents dominants d’un immense nuage grisâtre. Un litre d’eau c’est à la fois du pétrole consommé dans les chaudières et du CO2 recraché par les cheminées dans l’atmosphère. Pourtant l’eau est gaspillée, les canalisations obsolètes et fuyardes à tel point que certaines rues son en permanence inondées, les nombreux jardins et espaces verts arrosés à l’excès, la plupart des voitures lavées tous les jours, et on ne compte pas les piscines privées si bien visibles vue du ciel. Pour comble, le réseau de distribution étant probablement insuffisant pour faire face à la consommation, l’eau douce est transportée par des norias de vieux camions citernes plus polluants les uns que les autres.
L’eau du robinet est impropre à la consommation, ce qui conduit les habitants, Saoudiens et Résidents étrangers à ne consommer que de l’eau minérale en bouteille.

C’est là que surgit le deuxième fléau de la « Planète Jeddah ». Les déchets ! Pas de récupération, pas de tri sélectif, à peine si les habitants prennent soin de jeter leurs ordures dans les rares bennes déposées de loin en loin sur les trottoirs défoncés, toujours débordants et envahis par des chats émaciés. La plupart s’en débarrasse directement dans la rue, ou de l’autre coté du talus du voisin… Ce qui m’a fait dire déjà que certains quartiers de la ville sont de véritables déchèteries à ciel ouvert. J’ai, par exemple, un jour été surpris de voir un militaire en charge d’un check-point, jeter sa bouteille d’eau minérale dans un vieux bidon situé à quelques mètres de son Hummer blindé… mais j’ai déchanté lorsque j’ai vu l’un de ses collègues vider le même bidon au milieu d’un tas de bouteilles en plastique identiques, de l’autre coté du carrefour !




La mer n’est pas épargnée. Non seulement elle est l’ultime réceptacle de tous les déchets emportés par le vent, ainsi que l’aboutissement direct des réseaux d’eaux usées, mais elle est aussi victime de l’urbanisation. Les nouveaux quartiers du centre ville, le port de commerce, la base navale ont été gagnés sur la lagune peu profonde jusqu’à recouvrir la barrière de corail. Au nord de la ville, chaque villas dispose de son appontement privé, ou quai et digues ont défigurés la bande littorale, et nombreux sont les chenaux taillés à la dynamite dans le corail pour accéder directement vers le large, sans passer devant chez son voisin.

Sur la route les 4WD ont remplacés les grosses berlines américaines, et si l’on aperçoit de temps en temps une Clio ou une petite VW Beatle, les voitures européennes les plus courantes sont équipées de moteurs impressionnants, Mercedes 600 (6 litres de cylindrée), BMW 750, Audi A8 etc.,… Avec un litre d’essence à 8 centimes d’euros, il faut reconnaître que l’on n’est pas franchement encouragé à réduire sa consommation. Pire encore, il semble bien que l’Arabie n’achète que des camions d’occasion probablement rejeté du marché Européen pour cause de pollution excessive. Il faut avoir à l’esprit que si les voitures sont destinées aux Saoudiens et donc d’un standard correct, les chauffeurs de camions ne sont que des émigrés pakistanais ou indiens, pour qui un vieux camion sans climatisation et aux pneus lisses, est déjà largement suffisant…

Pas la moindre trace de recherche d’économie d’énergie, de l’éclairage public partout y compris parfois sur des routes dans le désert, de la climatisation glaciale dans les immenses galeries commerciales, et même dans certains espaces de plein air à l’image de la réception du 14 juillet dans les jardins de la résidence du consul de France.


Face à tout cet immense gaspillage, pas la moindre trace d’énergies renouvelables alors même que le soleil brille 360 jours pas ans et que le vent de Nord Ouest souffle fort et très régulièrement. Il ne manquerait plus que les saoudiens se lancent dans la production de biocarburants… obtenus après arrosage à l’eau dé-salinisée des champs de colza en plein désert!

Pour finir ce portrait rapide d’un pays dont la culture écologique n’est même pas en gestation, il faudrait évoquer les problèmes de sociétés liés au développement durable, à la surpopulation, 5 à 6 enfants en moyenne par femme, à l’égalité des sexes, aux inégalités sociales, aux libertés de penser et culte, aux droits de l’homme, au racisme, etc.,...
Tout cela est une autre histoire que je garderais bien d’aborder, d’abord humblement parce que ma connaissance du pays se limite à quelques observations sur le vif, ensuite parce que je pense que notre regard trop actuel nous fait facilement oublier les étapes douloureuses qui ont conduit notre Europe à devenir ce qu’elle est aujourd’hui.

Laissons du temps au temps!

vendredi 9 mai 2008

Retour à la réalité

Depuis que j'ai écrit le dernier message , l'idée de "Beach Manager" a fait son chemin, et est apparue tout à fait plausible, voire même souhaitée par beaucoup ! Mais ce genre de vie n'est pas pour moi, en tout cas pas maintenant, alors je reviens sur la réalité de la fin de ma mission en Arabie. Car je rentre bien à la fin du mois...

Encore trois semaines... plus que trois week-end!
Quelques précisions. Désormais la frégate est amarée sur un quai de la base navale, au milieu de la flotte saoudienne, en tout 8 navires de construction française. Un statut qui fait illusion aux yeux de beaucoup et qui convient parfaitement à l'équipage puisque les moteurs ne fonctionent pas encore. Le rythme de travail qui n'était pas violent jusque là, à pris par la même occasion un sacré coup de frein! Et pourtant il nous reste un tas de bricoles à faire à bord, une liste qui ne cesse de s'allonger au fur et à mesure que l'échéance approche. L'échéance en question, c'est le départ de toute ce qui reste de équipe DCN, et le transfer de responsabilté au service d'entretien de la flotte.

Mon statut de salarié indépendant me libère du risque d'être contraint à rester encore quelques mois. Bientôt la quille!!

Je ne sais pas encore ou je passerai l'hiver prochain, mais j'espère bien profiter de l'été à Penthièvre... jusqu'au bout!

Les destinations à la mode en ce moment? La Martinique bien sûr, ou l'on m'attend à bras ouverts pour un carénage d'un BATRAL, BAtiment de TRAnsport Leger, puis d'un autre patrouilleur, et puis on me parle de Bombay. Trois ans minimun pour y construire des sous-marins dans un chantier naval que je connais pour l'avoir visité du temps de Timolor...

Le jeu pour moi reste ouvert, mais si vous connaissez un "Beach Manager" sur le marché, je peux le présenter à des amis.

mardi 6 mai 2008

Et si je restais !

Vous pensiez peut-être que j’en avais marre de vivre dans cet enfer ! Vous imaginiez sans doute qu’à peine le chantier terminé, j’allais prendre le premier avion à destination de la France …

Et bien finalement, Je reste !

Tout à commencé lorsque j’ai réparé le premier Hobie Cat. A partir d’une quasi épave j’ai réussi à faire revivre tout une petite flottille de voiliers, catamarans, lasers et autres Sun Fish qui maintenant sortent sur le lagon tous les week-ends. Le propriétaire saoudien de la plage et du club de voile, a d’abord été séduit, puis il a suffit que j’intervienne quelques fois sur l’eau, pour récupérer un bateau chaviré, rattraper un jet ski parti à la dérive, ou donner quelques conseils à une jolie libanaise qui débutait en planche à voile, pour que je me vois proposer l’honorable fonction de «Beach Manager».


Il m’a d’abord offert d’habiter un de ses bungalows qui borde la plage. Un deux pièces de plein pied ouvrant sur une terrasse exposée au Nord Ouest, face au lagon. Le confort est un peu spartiate, la salle de bain rudimentaire et la climatisation bruyante, mais d’où je serais désormais je profiterais tous les soirs d’un magnifique couché de soleil sur la mer rouge. Seule ombre au tableau de l’hébergement, les moustiques un peu trop nombreux dès que tombe la nuit.

Comme cadeau de bienvenue en guise de promesse d’embauche, j’ai reçu ma voiture de fonction. Blanche, intérieur en cuir de couleur chameau, il a eu la délicatesse de l’immatriculer à mes initiales, 911 JMN. Je reconnais que le modèle choisi n’est pas pratique pour transporter du matériel, mais je dispose pour ça d’un vieux Toyota Land Cruiser utilisé également pour la mise à l’eau des 3 ou 4 vedettes de pêche au gros parquées dans l’enceinte de la plage.


La fonction de « Beach Manager » en elle-même consiste à veiller à ce que chacun des invités de la plage, on les appelle les « Guests » mais en réalité chacun d’entre eux paye en moyenne une vingtaine d’Euros par jour, puisse bénéficier en toute sécurité des installations mises à leur disposition. En quelques mots, 12 bungalows, 1 cafétéria, une trentaine de bateaux, 3 Jet ski et environ 50 planches à voile. Il faut également entretenir la plage artificielle, et terminer l’aménagement d’une petite marina. Enfin je suis responsable de la sécurité du plan d’eau. Pour tout mener à bien je dispose d’une équipe de 18 personnes, gardiens, plagistes, serveurs, petite main (un métier qui n’existe qu’ici). Un travail à temps plein ! Du coup j’ai réussi à obtenir un week-end à l’occidentale, le samedi et le dimanche, qui sont les jours ou la plage est la moins fréquentée…

Qui aurait résisté à une telle proposition ? Du coup j’ai plein de projets pour améliorer et étendre la prestation. Tout est à faire dans ce pays qui découvre à peine les retombées économiques que peuvent apporter les loisirs, à l’image de Dubaï, qui a déjà pas mal de longueur d’avance ! Certes il subsiste encore quelques freins d’ordre culturel mais qui finiront bientôt par disparaître.

Un jour viendra ou je serais le premier organisateur du concours de « Miss Beach Beauty » à Jeddah !