lundi 12 mai 2008

"Sustainable Development"

Le terme utilisé par les Anglo-saxons pour qualifier le développement soucieux de l’environnement a un sens beaucoup plus large et explicite que le mot « durable » de la langue française. Il associe à la fois la notion de durée et la celle de « soutenable » ou de « supportable ». Je pense que l’expression française n’a pas été bien choisie, pour preuve la nécessité quasi-systématique d’expliquer aux néophytes les risques et les contraintes qui se cachent derrière la poursuite du développement tel que nous l’avons connu par le passé.

Mais les mots utilisés ne sont malheureusement pas les seuls défauts du discours en vogue. Pour preuve encore, l’émission Thalassa diffusée hier soir sur TV5 Monde.

Premier reportage, le dépeçage du paquebot « Blue Lady », alias « Norway », alias « France ». En résumé du commentaire des journalistes, quel outrage aux populations locales et quelle honte sur les pays civilisés pour avoir envoyé dans la baie d’ALANG nos déchets pollués, jugés hautement nocifs, toxiques, contaminés, etc., Passé sous silence le fait que le paquebot France a été construit à Saint-Nazaire par des ouvriers français, qu’il a navigué en embarqué à son bord des milliers de passagers et d’hommes d’équipage sans que l’on s’inquiète de l’amiante employée à bord. Oublié, sans doute volontairement, le fait que l’Inde continue à l’heure actuelle d’utiliser l’amiante dans ses constructions. Négligée enfin, toute la filière du recyclage qui constitue pour les habitants dans cette zone, le premier pas vers le développement. A les entendre on aurait l’impression que la Baie d’ALANG si situerait aux pieds du Mont-Saint Michel, et qu’une fois sorti de l’enfer de ces ateliers de démantèlement, le monde extérieur serait régit par le plein emploi et la couverture maladie universelle... ils devraient ouvrir leurs yeux avant de faire tourner leur caméra !
Pour le dire brutalement, on se réjouit de constater que grâce à l’action des organisations écologiques, le taux de chômage ait augmenté dans cette région misérable. Bravo !

Deuxième reportage, l’élevage intensif du saumon de l’Atlantique Nord dans les fjords du sud du Chili, la baie de CHILOE en particulier, exploité par de « Riches compagnies Norvégiennes ». Nous voilà pour commencer, embraqués à bord d’un bateau quasi clandestin, pour aller filmer des élevages de saumon, tout à fait normaux, et questionner les malheureux employés chiliens sur la face nécessairement cachée du tableau. Rien à dire. Le reporter nous emmène ensuite dans une usine de transformation, l’usine visitée emploie 600 personnes. Là, toujours avec une caméra cachée, on nous présente des conditions de travail nécessairement inhumaines, et pour des salaires évidemment dérisoires. Ce n’était pas la peine de faire le commentaire, on en connaissait déjà le contenu. Pour en venir à conclure que les sociétés Norvégiennes en question engrangent des profits mirifiques sur le dos des populations locales et au détriment de l’environnement, qualifiant même les professionnels norvégiens de l’aquaculture d’ « apprentis sorciers ». Or, l’émission THALASSA est la première à critiquer la sur-exploitation des ressources naturelles, allant jusqu’à la disparition de certaines espèces. Ne faudrait-il pas justement développer l’aquaculture ? Quand aux profits des entreprises liés aux couts de production dérisoires, ils ont probablement fondus avec le prix de vente du saumon congelé à l’étale de nos supermarchés, à peine plus cher que la viande de porc, et deux fois moins cher que n’importe quel autre poisson. A qui profite le crime ?

Serions-nous devenus en mon absence un pays communiste révolutionnaire, Georges PERNOUD le MARCHAIS des temps modernes et THALASSA, le nouvel organe du Parti?
Ou alors suis-je devenu moi-même en peu de temps un vieux gronchon, qui après avoir perdu toutes ses belles illusions humanistes, râle sur les journalistes devant son poste de télévision un verre de bière à la main...

1 commentaire:

anne et JP a dit…

Je ne voudrais pas trop flatter JM. Toutefois moi, sa maman, j'ai toujours beaucoup de plaisir à lire ses textes. C'est très intéressant et cà nous fait souvent réfléchir. Il pourrait faire des reportages ou écrire un livre. Pas de problèmes.
"Et si je restais" ne m'a inquiétée que peu de temps. C'est Pierre qui y croyait dur comme fer et se demandait si son frère ne perdait pas la raison.
Continue mon fils tu es très "bon".