A l’heure ou la France verte se mobilise autour de ce qu’il a été convenu d’appeler « le Grenelle de l’environnement », il est utile d’apporter un éclairage différent sur la protection de l’environnement et la préservation de la planète. Que le Royaume soit à la fois un pays du tiers monde et le principal réservoir de pétrole dans le monde contribue sans aucun doute à accentuer la différence entre l’Arabie et les déclarations souvent trop nombrilistes franco-françaises.
Sous ces lattitudes ensoleilées, partout ou il y a de l'eau, il y a de la verdure à tel point que régulièrement on observe une petite plante se développer à la verticale du tuyau d’écoulement des condensats des climatiseurs. Mais de la verdure, il y en a partout dans les jardins des villas, les parcs publics, les campound, les ronds-points, et le long des grandes avenues.
Puisqu’il ne pleut pas dans le désert, et si peu à Jeddah, l’eau d’ici ne vient ni du ciel ni des rivières. Elle provient simplement des nombreuses usines de désalinisation dont les immenses cheminées dominent la partie nord de Jeddah et couvrent le centre ville situé sous les vents dominants d’un immense nuage grisâtre. Un litre d’eau c’est à la fois du pétrole consommé dans les chaudières et du CO2 recraché par les cheminées dans l’atmosphère. Pourtant l’eau est gaspillée, les canalisations obsolètes et fuyardes à tel point que certaines rues son en permanence inondées, les nombreux jardins et espaces verts arrosés à l’excès, la plupart des voitures lavées tous les jours, et on ne compte pas les piscines privées si bien visibles vue du ciel. Pour comble, le réseau de distribution étant probablement insuffisant pour faire face à la consommation, l’eau douce est transportée par des norias de vieux camions citernes plus polluants les uns que les autres.
L’eau du robinet est impropre à la consommation, ce qui conduit les habitants, Saoudiens et Résidents étrangers à ne consommer que de l’eau minérale en bouteille.
C’est là que surgit le deuxième fléau de la « Planète Jeddah ». Les déchets ! Pas de récupération, pas de tri sélectif, à peine si les habitants prennent soin de jeter leurs ordures dans les rares bennes déposées de loin en loin sur les trottoirs défoncés, toujours débordants et envahis par des chats émaciés. La plupart s’en débarrasse directement dans la rue, ou de l’autre coté du talus du voisin… Ce qui m’a fait dire déjà que certains quartiers de la ville sont de véritables déchèteries à ciel ouvert. J’ai, par exemple, un jour été surpris de voir un militaire en charge d’un check-point, jeter sa bouteille d’eau minérale dans un vieux bidon situé à quelques mètres de son Hummer blindé… mais j’ai déchanté lorsque j’ai vu l’un de ses collègues vider le même bidon au milieu d’un tas de bouteilles en plastique identiques, de l’autre coté du carrefour !
La mer n’est pas épargnée. Non seulement elle est l’ultime réceptacle de tous les déchets emportés par le vent, ainsi que l’aboutissement direct des réseaux d’eaux usées, mais elle est aussi victime de l’urbanisation. Les nouveaux quartiers du centre ville, le port de commerce, la base navale ont été gagnés sur la lagune peu profonde jusqu’à recouvrir la barrière de corail. Au nord de la ville, chaque villas dispose de son appontement privé, ou quai et digues ont défigurés la bande littorale, et nombreux sont les chenaux taillés à la dynamite dans le corail pour accéder directement vers le large, sans passer devant chez son voisin.
Sur la route les 4WD ont remplacés les grosses berlines américaines, et si l’on aperçoit de temps en temps une Clio ou une petite VW Beatle, les voitures européennes les plus courantes sont équipées de moteurs impressionnants, Mercedes 600 (6 litres de cylindrée), BMW 750, Audi A8 etc.,… Avec un litre d’essence à 8 centimes d’euros, il faut reconnaître que l’on n’est pas franchement encouragé à réduire sa consommation. Pire encore, il semble bien que l’Arabie n’achète que des camions d’occasion probablement rejeté du marché Européen pour cause de pollution excessive. Il faut avoir à l’esprit que si les voitures sont destinées aux Saoudiens et donc d’un standard correct, les chauffeurs de camions ne sont que des émigrés pakistanais ou indiens, pour qui un vieux camion sans climatisation et aux pneus lisses, est déjà largement suffisant…
Pas la moindre trace de recherche d’économie d’énergie, de l’éclairage public partout y compris parfois sur des routes dans le désert, de la climatisation glaciale dans les immenses galeries commerciales, et même dans certains espaces de plein air à l’image de la réception du 14 juillet dans les jardins de la résidence du consul de France.
Face à tout cet immense gaspillage, pas la moindre trace d’énergies renouvelables alors même que le soleil brille 360 jours pas ans et que le vent de Nord Ouest souffle fort et très régulièrement. Il ne manquerait plus que les saoudiens se lancent dans la production de biocarburants… obtenus après arrosage à l’eau dé-salinisée des champs de colza en plein désert!
Pour finir ce portrait rapide d’un pays dont la culture écologique n’est même pas en gestation, il faudrait évoquer les problèmes de sociétés liés au développement durable, à la surpopulation, 5 à 6 enfants en moyenne par femme, à l’égalité des sexes, aux inégalités sociales, aux libertés de penser et culte, aux droits de l’homme, au racisme, etc.,...
Tout cela est une autre histoire que je garderais bien d’aborder, d’abord humblement parce que ma connaissance du pays se limite à quelques observations sur le vif, ensuite parce que je pense que notre regard trop actuel nous fait facilement oublier les étapes douloureuses qui ont conduit notre Europe à devenir ce qu’elle est aujourd’hui.
Laissons du temps au temps!
dimanche 11 mai 2008
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