mercredi 18 avril 2007

Quelques pages...

Pas facile de commencer à écrire. On choisi un cahier, un beau, un qui nous aidera à trouver la pureté du style, la clarté du récit, l’esthétique des caractères.
Pourquoi se livrer aux autres sur une feuille de papier, sur un écran d’ordinateur, plutôt que de garder ses pensées pour soit ? Est-ce de l’orgueil, est-ce de l’arrogance, ou plus simplement la recherche d’un plaisir nouveau, et le désir de s’affirmer face à soi-même ; Ne suis-je pas après tout le premier lecteur de mes récits ?
Faudra-t-il un jour les mettre en forme et composer ce livre dont on me parle régulièrement, un livre pour qui et pourquoi, comment ne pas risquer de s’enfermer dans la nostalgie de ce qui ne reviendra plus. Comment être certain de mener le travail jusqu’à sa dernière page, comment s’assurer de ne pas retrouver après quelques années le cahier dont les quelques premières pages auront été soigneusement rédigées, progressivement se transformer en carnet remplis de quelques brouillons de notes, de dessins d’enfants, de listes de courses, une page arrachée…et puis plus rien.
Quelle déception par anticipation !
Pourtant j’ai l’impression d’avoir tant de chose à dire, tant de choses à faire partager. Je pourrais commencer comme ça :

« Le vent s’est calmé aujourd’hui, l’alizé qui nous poussait régulièrement depuis plusieurs jours s’est évanoui. Dans un ciel légèrement voilé, seul l’immense spinnaker rose et bleu réussit à tirer Terre de Brume vers notre destination désormais toute proche. La Martinique n’est plus qu’à 30 miles. Là bas, sur une plage que je ne connais pas encore, Alain et ses enfants vont bientôt nous attendre. L’impatience gagne, pas possible de continuer à se trainer ainsi à moins de 3 nœuds et de risquer de passer une nuit supplémentaire à seulement quelques heures de l’arrivée, le moteur nous aidera à forcer un peu l’allure.
Plus de vent du tout, un vrai temps de dimanche après midi du mois d’Aout ! Le spinnaker est amené une fois encore, seul le moteur nous fait maintenant progresser.
Soudain à seulement une centaine de mètre devant nous, la surface de l’eau s’agite, un large tourbillon se forme, des frégates venues de nulle part se regroupent en vol circulaire. Pas de doute, il y a du poisson la dessous, et du gros à en juger par les remous qui maintenant se rapprochent. La chaine alimentaire en pleine action, requins, dauphins, thons, barracudas, thasards sont en chasse de leurs plus petits congénères, s’ils ne se mangent pas les uns les autres.
C’est sans doute pour nous l’occasion inespérée pour ne pas arriver bredouille au terme de notre voyage. Toutes les lignes qui nous restent sont mouillées et j’engage le bateau sur une route circulaire autour de ce nuage de vie. Deux tours sur nous-mêmes, un route de traverse au milieu des remous qui disparaissent au fur et à mesure de notre approche, et réapparaissent aussitôt après notre passage, mais décidemment rien n’y fait, pas une touche. Nos derniers calamars bleus et roses ne sont sans doute pas du gout des prédateurs. Tant pis !
Cap au 170 de nouveau, la terre ne doit plus être loin, si seulement la visibilité pouvait s’améliorer un peu. Perchés sur le bôme, accrochés aux drisses, Aimery et moi scrutons la ligne d’horizon vers l’Ouest. Est-ce le pressentiment de l’arrivée prochaine ou l’odeur de la terre qui nous ont poussés à grimper dans la mature, car bien sûr, juste à cet instant la terre est là.
A 10 degré au nord de notre route apparaît une ombre, puis deux, semblables à des nuages sombres amassés sur l’horizon. La montagne Pelée et le Carbet sont là devant nous, toute la Martinique s’étend à leurs pieds vers le sud, vers le canal de Sainte Lucie ou nous allons bientôt nous engager… » Récit de mer (A suivre)

1 commentaire:

anne et JP a dit…

Les souvenirs qui reviennent. C'est bien d'avoir envie d'écrire ses mémoires.
A quand la fiction ?