mardi 23 janvier 2007

Promenade pas ordinaire

Ce premier dimanche en Martinique, je ne veux pas passer ma journée à la plage.
Dimanche, donc, bien décidé à ne pas bronzer idiot, ni à circuler sur les routes, et tout à la fois essayer de perdre le petit embonpoint que je ressens depuis mon arrivée, je me lance dans un Trek !! Oh pas bien compliqué pour commencer.
Sur la carte, il s’agit de rejoindre par un sentier, deux petites criques, Anses noire et Anse Dufour, situées entre l’Anse à l’Ane et Grande Anse. Je passerai sur la pertinence du choix des noms donnés aux plages de la commune d’Anses d’Arlet, Anse noire abritant une plage de sable noir, et grande Anse étant effectivement plus grande que les autres, je n’ai pas vu d’Ane roder dans les parages de la première.
Ces deux petites plages sont accessibles par une route sinueuse qui longe une ravine, encaissée entre deux mornes. L’itinéraire choisi n’étant pas un circuit, je décide de commencer au milieu ou je laisse ma voiture, et de faire un peu d’auto-stop entre les deux anses. Le premier tronçon part de la plage de l’Anse Noire et s’enfonce rapidement dans la végétation en remontant la ravine. Pas très propre tout ça, avec par moment une odeur de lessive, mais tout de même assez joli, et puis je suis tout seul dans le silence de la forêt. Le chemin s’achève dans le jardin d’une case améliorée, j’ai peut-être raté quelque chose…
Rapidement pris en stop par deux jeunes rennais en vacances prolongées, je débarque sur la plage de Grande Anse à la recherche du sentier. Rien n’était balisé sur le premier, je recherche dans la végétation une trace à suivre. Il y en a beaucoup, mais laquelle prendre. Je m’engage une première fois dans la brousse, perpendiculairement au tracé de la carte, la progression est difficile, les arbustes sont denses, et les branches des acacias griffent profondément mes bras.
Qu’à cela ne tienne, je continue mon chemin en redescendant vers la mer, après tout, pour aller d’une anse à une autre, quoi de plus logique que de suivre la côte.
Une heure déjà depuis mon départ, je marche sur des grosses pierres arrondies, mêlées aux blocs de corail sur les quelles viennent se briser les vagues. A quelques mètres au large, deux bateaux de plongée pour touristes explorent les fonds que l’on devine beaux, sous ces eaux transparentes. Je continue. Plus loin à ma surprise, je rencontre plusieurs pêcheurs à pieds. L’un d’eux m’explique le chemin qui les a conduits là, et approuve mon idée de faire le tour de la pointe, « ça passe bien, sauf à un endroit ou il faut un peu escalader »
Je marche encore, rencontre une première falaise avec un surplomb. Aux pieds de la falaise, des éboulis de pierres régulièrement léchés par les vagues. Je saute, courre, remonte de l’autre coté profitant du ressac. Les pieds presque secs, je me crois proche de l’arrivée, d’autant plus que je croise à nouveau un pêcheur. Pourtant un peu plus loin, plus moyen de passer. Il faut faire demi-tour me soutient le pêcheur.
Je lève la tête, et je crois voir au milieu des coulées de pierres et de terre mélangées, une piste. Deux heures de marche pour finalement revenir sur mes pas, et ma voiture de l’autre côté ! Jamais demi-tour.
Me voilà parti dans une escalade sur un sol meuble, glissant, chacune des pierres branlantes menaçant de se décrocher de la paroi presque verticale, et moi avec. A quatre pattes dans les endroits difficiles, accroché à la végétation pourrie qui s’arrache sous mon poids, les mains pleines de griffures, les genoux en sang, j’atteints après plus d’une heure de véritable escalade et de nombreuses pauses, une zone à peut prêt plate, mais tout aussi inhospitalière. C’est pourtant si bon quand c’est plat !!!
La suite est simple mais longue, je rencontre un sentier, dans quel sens le prendre ? Qu’importe puisque c’est un sentier, marque de la civilisation. Pas le bon sens bien sûr, j’arrive sur une petite crique que je ne localise pas bien. Repos.
Là surgit un marcheur, perdu lui aussi à la recherche de la piste pour faire le parcours inverse. Je reprends donc le sentier, et marche d’un pas léger, malgré la fatigue. Je suis revenu juste au dessus de mon point de départ, surplombant Grande Anse un peu déçu de revenir sur mes pas je croise le enfin bon chemin, celui que je pensais ne jamais trouver. Encore plus d’une heure pour franchir le morne avant de redescendre de l’autre côté vers l’Anse Dufour. Le temps d’enlever mes chaussures, et une énorme averse s’est abattue sur cette partie de la Martinique, et a inondé tout mon quartier.

J’aurais bien aimé voir la coulée ou je me trouvais quelques heures plus tôt, mais en hélicoptère…

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